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GROS PLAN SUR … Par Alain-Pierre Pereira
Le Discours d'un Roi ou l’Esclave consentant !
Milieu des années 30 - George VI* (prince Albert d’York), fils cadet du roi George V, accède au trône d’Angleterre suite à l’abdication de son frère Edouard VIII (duc de Windsor) Celui-ci est affligé d’un bégaiement qui le rend incapable de s’exprimer en public. Son épouse Elisabeth s’adresse alors à un thérapeute orthophoniste Lionel Logue, aux méthodes peu traditionnelles ! …
Le cinéaste Tom Hooper avec « Le Discours d’un roi » nous dévoile sur grand écran, l’histoire vraie et méconnue du père de la reine Elisabeth II, l’actuelle souveraine du Royaume-Uni. Son film est un excellent canevas puisqu’il possède un bon thème, mais aussi parce que sa part fondamentale est faite de nombreuses séances de rééducation du langage où s’affrontent un roi hyper nerveux et introverti et son thérapeute fantasque, pseudo-médecin, mais comédien de métier ! Ce dernier fait fi du protocole, appelant effrontément son Altesse royale « Bertie », le considérant comme son égal, et qui fera tout pour que sa royale majesté perfectionne sa diction.
Finalement, il sera son guérisseur !
Cette confrontation (quelque peu vive) est une démonstration formidable de vitalité, d’une belle « force d’âme » non surjouée et habilement persuasive. On retiendra également une éthique opérante d’indulgence et d’entendement, un travail persévéré que cette mission, sans jamais tomber dans le grotesque !
« Le Discours d’un roi » est une réalisation agréable, adroitement conduite, malgré une faille sur sa profondeur peu exploitée et creusée, mais qu’on peut apprécier comme le « tape » d’individualités. De deux hommes et leur combat vers l’évidente victoire à laquelle ils se sont promis d'arriver ensemble, avec des réparties qui frisent toutefois le politiquement correct, mais dites sur un ton brillant. De remarquer sa vigueur de technique du son et des images, le jeu de deux acteurs parfaits : Colin Firth (d’une incroyable intensité) et Geoffrey Rush (qui
théâtralise avec un plaisir expansif).
Quoiqu’un début flâneur et un style académique, se cèle une œuvre sensible et juste, où l’humain prédomine avec cette belle amitié franche et sincère. Une composition haut de gamme et émotionnelle qui atteint le couronnement dans un final souverain. « Le Discours d’un roi » mérite d’être oscarisé !
*Ce roi qui attirait la sympathie du peuple, pratiquait le patin à glace, jouait au tennis et avait même disputé le championnat de Wimbledon, mourut à l’âge de 57 ans d’un cancer du poumon.
Article paru dans la ‘semaine du Pays Basque’ (voir sur le site)