L’Affaire Brassens
Ou les trublions de Georges !
Ils sont assez nombreux, célèbres ou moins connus, à adapter le répertoire du grand Brassens ou Tonton Georges pour les intimes. Avec l’Affaire Brassens, quatre prévenus chantent Brassens et revisitent avec fraîcheur et innovation le répertoire du grand Georges et ce, dans l’esprit « perturbateur ». Mais également dans des interprétations personnelles, scénarisées, justes, et sans fioriture. Les chansons sont réinterprétées, mais l’esprit est sauvegardé ainsi que le respect de l’âme des textes. L’Affaire Brassens, c’est une ambiance cordiale comme si on était entre amis au coin du feu. Trois soirs avec les trublions de Georges. Je me devais de les rencontrer. Entretien.
APP : Jean, pour nos lecteurs et internautes, voudrais-tu te présenter ainsi que tes complices ?
Jean Bonnefon : Nous sommes quatre complices, quatre prévenus, unis comme les Mousquetaires, un pour tous, tous pour un ! (rires). Il y a Pascal Bonnefon (qui est mon fils), le plus jeune de la bande. Il chante, joue de la basse et… de la machine à écrire ! C’est lui qui interprète la chanson que nous avons enregistrée avec Francis Cabrel « La Princesse et le Croque Note ». Puis Jacques Gandon qui est un chanteur guitariste « virtuose », Patrick Salinié et moi-même qui sommes chanteurs guitaristes également. Tous les quatre, nous jouons également un peu de comédie, car notre spectacle est un tour de chant scénarisé.
APP : En quelques mots, c’est quoi le merveilleux « voyage » Brassens que tu présentes à la Luna Negra Bayonne du 13 au 15 septembre intitulé « l’Affaire Brassens » ?
JB : Il s’agit du procès des complices de Brassens, accusés de répandre, aujourd’hui encore, sa parole subversive. Nous avons donc imaginé que l’on jugeait l’œuvre de Brassens à travers une bande de trublions. Claude Villers de France Inter a gentiment prêté sa voix au Président du Tribunal comme à l’époque où il dirigeait le Tribunal des Flagrants Délires. Et les accusations pleuvent : Brassens s’est moqué de la justice, de la police, de la religion. Il a chanté la gloire des voyous, des prostituées. Il a chanté la mort, les poètes licencieux. En fait, on essaie de répondre à la question : comment un artiste aussi marginal dans son œuvre, est-il devenu aussi consensuel et aimé du public, même trente ans après sa mort ?
APP : Justement, pour cet anniversaire, c’est le pot de chrysanthèmes ou celui du plaisir, de la fantaisie dans l’hommage que vous présenterez tes complices et toi devant le public basque ?
JB : C’est tout à la fois. Un hommage assurément, où règnera le plaisir de la fantaisie. Quand Brassens était sur scène, le public n’osait pas chanter avec lui, tellement sa personnalité était forte et écrasante. Aujourd’hui tu attaques « Les Sabots d’Hélène » ou « Les Amoureux des Bancs Publics » et toute la salle chante avec toi. En général, la dernière partie du spectacle se fait de concert avec le public. C’est ça le Génie Tonton Georges ! Des chansons complexes et populaires à la fois. Mais dans ce spectacle, c’est la bonne humeur qui prime !
APP : Une forme de respect dans la composition et de l’harmonie, en posant toutefois ta touche personnelle, car Gare au Gorille ?
JB : Nous nous sommes appropriés l’œuvre de Brassens pour l’interpréter à notre façon. Il y a trop de gens qui chantent Brassens « à la Brassens » et du coup moins bien que lui. Nous chantons souvent en polyphonie, dans une sorte de folk-swing assez léger, mais sans s’éloigner de l’esprit de l’auteur. C’est un mélange de son œuvre et de notre façon de faire. René Iskin, un des amis très proches de Brassens, nous a dit après un concert à Chinon : « Georges aurait adoré votre spectacle ». Crois-moi, c’était le plus beau compliment qu’on ait pu nous faire. Francis Cabrel, qui est sans doute un des héritiers de Brassens, nous a proposé d’enregistrer un titre avec lui. Ca aussi, ça nous a beaucoup touchés. Le CD sortira en novembre prochain.
APP : Comment avec tes copains d’abord vas-tu le réincarner ?
JB : On ne réincarne pas Brassens. C’est le procès de ses complices et de son œuvre. En revanche, on le défendra mordicus ! (rires). Le terrible juge Claude Villers nous pousse dans nos retranchements pour convaincre le public du génie Brassens. En général, à la fin du procès, nous sommes condamnés à… mais il faut venir voir le spectacle. Quant au sort du juge, vous connaissez la chanson Gare au Gorille. Dans une salle telle que la Luna Negra, ça risque d’être un beau et hilarant procès.
APP : Pour finir, une petite anecdote sur Tonton Georges ?
JB : Il y en a beaucoup sur sa générosité. Mais celle-ci, lors de son récital à Bobino à Paris, l’équipe du théâtre a voulu lui faire un cadeau pour son anniversaire un 22 octobre. Quand on lui a demandé ce qui lui ferait plaisir, il a demandé qu’on lui fasse un « trou du souffleur » sur le devant de la scène, car disait-il, avec ma mémoire défaillante par instants… Eh bien son vœu fut exaucé ! Et le grand plaisir de ses amis, c’était de passer la soirée dans ce fameux trou du souffleur, pour tenir à Georges, les textes qui lui posaient problème. Pour nous musiciens interprètes, ce petit handicap nous le rend plus proche. Heureusement, son œuvre est inoubliable !
L’Affaire Brassens – les 13, 14 et 15 septembre à 20h30 à la Luna Negra Bayonne
Tarifs : de 8 à 15€
Réservations : Luna Negra au 05 59 25 78 05 et www.lunanegra.fr
Article paru dans ‘la Semaine du Pays Basque’ du 7 au 13 septembre 2012.
Interview vidéo prochainement sur le site de Alicia Snicker.