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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 01:06

Guiseppe Chiavaro ... fier d'être un danseur Malandain !

 

Guiseppe Chiavaro fait partie de ces danseurs qui savent démontrer au public leur propre vérité interprétative. Rencontre à Bayonne au Caveau des Augustins avec cet artiste pour qui l'humilité est une grande arme pour devenir un bon danseur !

 

GC 1

 

APP : Bonjour Guiseppe. Quand est née ta passion pour la danse ?

GC : Lorsque j'avais 12 ans en Italie. Ce fut un rendez-vous bien plus qu'une naissance. Au départ on m'a demandé d'essayer, histoire de faire comme mes deux sœurs. Progressivement l'attirance pour la danse fut une certitude. La chance aussi d'avoir eu une famille qui m'a soutenu et protégé. J'ai toujours considéré qu'un danseur se construit et grandit au fil des rencontres qu'il fait lors de son apprentissage. Quelques personnes influentes sont intervenues à des niveaux différents dans ce milieu, mais aussi de l'extérieur. Celles qui m'ont le plus marqué sont l'excellente et regrettée Rosella Hightower et mon maître Thierry Malandain. A tous deux, je leur dois beaucoup.

APP : As-tu connu des moments de doute ?

GC : Bien sûr, il faut qu'il y en ait pour goûter aux instants de bonheur. Lors de mon initiation, j'ai eu des phases d'anxiété, de frousse, notamment lors de mon adolescence, période de croissance pendant laquelle on n'est plus maître de son corps. Je me suis demandé si j'étais doué. J'avais le vague à l'âme loin de mon Italie et de ma famille. J'avais besoin de revenir à mes sources, à mes racines. Mais une fois pris dans l'engrenage, on veut aller jusqu'au bout. Mon but premier était de devenir danseur. En 1986 j'ai obtenu une bourse d'études pour l'École de danse de l'Opéra de Paris, ensuite ma longue instruction chez Rosella Hightower à Cannes. Puis en 1994, Thierry Malandain et la Cie Temps Présent installée à l'époque à Saint-Étienne baptisée plus tard "Ballet Biarritz".

APP : Que symbolise pour toi l'univers de Thierry Malandain ? Quel rôle tiendras-tu dans son ballet "Roméo et Juliette" le 11 septembre prochain ?

GC : Thierry est l'homme providentiel qui m'a fait aimer la danse. Ma première année au sein de la Cie Temps Présent fut une période d'acclimatation au chorégraphe et à ses méthodes de travail. Cela n'a pas été facile immédiatement. Tout en étant "néoclassique", le travail de Thierry Malandain était très dissemblable de ce que j'avais connu antérieurement. Ce que je vais dire va le faire sourire, parce que ce chorégraphe est un "fignoleur très insatiable" qui a une gestuelle vive, marquée et expressive. Il possède l'intellection de la chorégraphie et la maestria de la danse. Il m'a beaucoup appris et aujourd'hui encore, je me sers énormément de son exigence soutenue (rires). Je suis fier d'être un "danseur Malandain". Je n'éprouve pas le besoin d'aller voir d'autres compagnies parce que j'aime son "style". Je n'ai pas un rôle-titre dans ce ballet car plusieurs danseurs seront les amants de Vérone. Avec ma partenaire Sylvia Magalhaes nous représentons ce couple mort très vite par la folie des hommes mais dont on peut imaginer qu'il ait vécu un peu plus longtemps. La réflexion de Thierry pour ce ballet, c'est l'universalité du drame dans son interrogation éternelle de l'idéalisme amoureux et de son caractère quasi-mystique ou "danse d'amour et de mort" de deux amants purs. Roméo et Juliette, c'est l'amour qui se transfigure, mais aussi l'espoir d'un amour plus assoiffé, non superficiel. Je voudrais à travers ce ballet (qui couronne mon parcours) incarner l'amour tout en nuances aussi bien que Thierry aurait pu merveilleusement le traduire.

APP : Entre répertoires classique et contemporain as-tu une préférence pour l'un de ces genres ?

GC : J'apprécie ces deux univers, mais aujourd'hui avec l'expérience acquise, je verserais plus vers le romantisme parce qu'il est complet, qu'il englobe toute la danse. Chaque rôle devient un nouveau défi. Quant au contemporain, c'est le grand écart de manœuvre dont on dispose dans l'interprétation des rôles. Contrairement au classique, lui aura au contraire tendance à sortir du cadre. La danse classique, tout comme les arts vivants, est une continuelle transmutation.

 

GC 2

APP : C'est une obsession pour toi de posséder un corps parfait ?

GC : Certes, tout danseur voue un véritable mythe du corps. Il cherche à être le plus parfait, le plus beau. Qu'il soit à la hauteur de l'image qu'il veut projeter de lui-même. C'est ce qu'on appelle "narcissisme". On pense cela lors de nos débuts. Aujourd'hui je m'en fiche, car je ne veux pas être obsédé par cette représentation du corps sublime qui risque de me cloîtrer. Sans négliger que c'est l'outil de la matérialisation de notre expression, je dis que ce n'est pas seulement physiquement que l'on danse mais c'est aussi avec la "mémoire du corps" et l'"esprit du corps". En définitive il faut savoir écouter son corps, mais ne pas trop s'écouter soi-même.

APP : Que peut-on te souhaiter pour l'avenir ?

GC : Ah, ah ! J'atteins l'âge où on commence à se poser des questions sur sa reconversion, mais pas assez vieux pour m'arrêter de danser ! J'aime et j'aimerai toujours danser ! J'espère obtenir le Diplôme d'État de professeur de danse, mais pour l'heure, rien de concret. Au Ballet Biarritz, il n'y a pas de limite d'âge fixée, c'est au danseur de décider de son départ. C'est sûr que lorsque le rideau tombera pour la dernière fois, je serai profondément triste.

 

Première de la création Malandain/Ballet Biarritz - Biarritz -

Roméo et Juliette pour le Festival le Temps d'Aimer la Danse, le 11 septembre 2010 à 21h à la Gare du Midi à Biarritz.

Tarifs : de 12 à 20€

Billetterie : Office du Tourisme : 05 59 22 44 66

Renseignements : 05 59 22 20 21.

 

Article paru dans 'la semaine du Pays Basque' du 10 au 16 septembre 2010.

 



 

 

 

 

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 00:19

Jean-Marc Biskup... un metteur en scène pluridisciplinaire

 

La Gare du Midi présente "Nabucco" de Verdi, samedi 14 août à 21h où soliste, choeur et orchestre seront conduits sous la houlette du maestro Bruno Membrey.

J'ai donc rencontré son metteur en scène pluridisciplinaire, Jean-Marc Biskup, qui magnifie l'opéra comme on savoure la vie !

 

APP : Y-a-t-il une analogie entre l'opérette et l'opéra ?

J-M B : Deux variété proches et supplétives qu'on doit aborder avec la même attention. L'opérette est plus un art complet et difficile que l'opéra, car outre le chant, il faut être comédien, danseur et avoir le physique du rôle. Il seraît opportun que les chanteurs lyriques soient aptes à se forger dans ces deux arts. Moi-même, je m'exprime dans la mise en scène d'opéra, mais également en tant que chanteur d'opérette et de comédie musicale.

APP : Parlez-nous de votre parcours vers la mise en scène d'opéra ...

J-M B : Tout jeune j'ai baigné dans l'art lyrique et la musique classique. Très vite je me suis intéressé à toutes les facettes musicales, à commencer par la mise en scène d'opérette, comédie musicale classique et opéra italien, puisqu'étant de culture italo-française.


APP : Qu'est-ce qui vous a séduit dans le projet Nabucco et quelle mise en scène avez-vous conçue pour cette oeuvre ?

J-M B : Nabucco est une très belle oeuvre de Verdi qui contient déjà toute une force démonstrative, et d'une grande portée musicale. Au-delà du cadre historique et biblique, si on sait lire entre les lignes, on perçoit un puissant message d'amour et une quête spirituelle permettant aux hommes de se hausser et d'être libres. C'est cela que j'ai voulu mettre en lumière dans ma mise en scène.

APP : La mise en scène d'opéra jugule-t-elle la musique ? Quelles relations entreteniez-vous avec le chef d'orchestre ?

J-M B :Certains metteurs en scène se servent des opéras pour assouvir leurs fantasmes en négligeant la musique et le chant. J'ai toujours abordé ma mise en scène avec modestie en servant la composition plutôt que de m'en servir. Je respecte le souffle du compositeur, tout en y apportant mon style mais sans jamais altérer l'ouvrage. J'ai un profond respect pour la fonction du chef d'orchestre, des musiciens et des chanteurs. J'ai donc des échanges cordiaux et constructifs avec eux.

APP : Quels ont été vos rapports de travail avec vos deux interprètes principaux ?

J-M B :Des meilleurs ... ! Nous avons parlé en amont de ma conception des personnages, évoqué les moments ou les difficultés vocales imposant au metteur en scène de se tenir en retrait afin de laisser le champ libre aux chanteurs. Puis nous sommes passés au travail scénique. C'est une chance d'avoir eu des chanteurs accomplis, mais également d'excellents comédiens avec lesquels on a pu aller très loin dans la mise en scène. Le baryton Olivier Grand, et la soprano Cécile Perrin sont de grandes voix verdiennes.

APP : Quel bilan dressez-vous pour l'opérette, la comédie musicale et l'opéra en France de nos jours ?

J-M B :Ne le nions pas, c'est une grande crise économique qui frappe de plein fouet le spectacle vivant et les théâtres subventionnés sont au bord de l'asphyxie financière. Dieu merci, la situation est beaucoup moins dramatique pour les structures indépendantes comme la Compagnie Française de l'Opéra et de l'Opérette que je dirige, parce que nous n'avons aucun subsides et de ce fait, nous ne "jetons pas l'argent par les fenêtres". Le lyrique est en pleine conversion, un vrai regain, et ce avec l'arrivée de nouveaux talents qui offrent un sang neuf. Ils trouvent dans ces compagnies le tremplin qui leur permet de chanter des premiers rôles dans de bonnes conditions de préparation, comme le faisaient jadis les grandes troupes de théâtre. Je reste confiant sur l'évolution de l'art lyrique.

 

Nabucco de Verdi (chanté en italien-titrage français) samedi 14 août 2010 à 21h - Gare du Midi à Biarritz

Tarifs : 57€/52€/47€ - Location dans tous les points de vente habituels.

Réservations : 05 59 22 44 66 ou Entractes-Organisation : 05 59 59 23 79.

 

Article paru dans 'la semaine du Pays Basque' du 13 au 19 août 2010.

 

JMB 1

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 23:38

"Huit fois debout"... une comédie douce amère

 

refuge 1

Xabi Molia et Julie Gayet... Sept fois à terre, Huit fois debout !

©Damien Perrichon


Le cinéaste bayonnais Xabi Molia est venu présenter en avant-première au cinéma Le Select à Saint-Jean-de-Luz, son premier long métrage "Huit fois debout", accompagné de sa principale actrice Julie Gayet, délicieusement pudique et galvanisée. Moment récréatif autour du décryptage d'une comédie douce amère, ou une peinture touchante d'une réalité sociale.

 

APP : De l'écrivain que vous êtes, qu'est-ce qui a fait que vous soyez passé derrière la caméra ?

XM : Il y a des histoires qui ne se racontent que dans les livres et d'autres qu'on a envie de montrer au cinéma. Je voulais qu'il y ait des témoins oculaires sur l'errance de mon héroïne qui cherche sa place dans l'univers productif, plus amplement, dans la vie. Celui d'un être qui s'accroche désespérément à sa bouée de sauvetage, autant qu'à ses mensonges. J'ai voulu rendre visibles Elsa et Mattieu, des êtres en rupture de ban, malmenés par la vie, laissés sur le bord de la route, navigant malgré eux, entre "imprévisibilité" et "existence quotidienne".

APP : Pourquoi votre choix Julie Gayer/Denis Podalydès ?

XM : Julie est une actrice qui, en quelques années de carrière, a su faire vivre ses personnages avec une maestria manifeste, toujours avec cette suprême élégance. Et parce qu'elle a été l'interprète de mon court métrage "S'éloigner du rivage" dont "Huit fois debout" est son développement. Denis m'a chaudement été recommandé par Julie qui avait apprécié sa mise en scène de "Cyrano" à la Comédie Française. Nous étions convaincus qu'il pouvait jouer ce paumé réjoui et cérébral. J'ai cassé son image, le montrant avec une barbe de plusieurs jours. Il est véridique, touchant et brillant. J'appréciais son côté songe-creux et candide. Il représente une belle réussite d'acteur. Et tous deux ont su dépeindre ce qu'était l'angoisse d'une perte d'emploi, d'un logement, voulant sauver à tout prix les apparences, malgré la honte en eux. De constater jusqu'à quel point il faut se désavouer, mentir pour entrer dans la vie active.

APP : Doit-on considérer vos héros comme des loosers, des bras cassés ?

XM : J'aime les loosers, il y a en eux des choses qui m'interpellent. Ce film perçoit et ressent le mal-être de ces victimes de la société qui évoluent dans un environnement défavorable et malaisé, essayant d'avoir coûte que coûte, la tête hors de l'eau. Quelque part, ce sont des gagnants sur la vie, parce qu'ils ont adopté l'adage "Sept fois à terre... huit fois debout". C'est aussi une histoire d'amour emplie d'émotion, sans cesse jugulée, parce qu'ELLE et LUI ne sont pas disponibles pour la vivre, mais trouveront la force de revenir.

refuge 2

APP : Alors Julie, quel genre de réalisateur est Xabi Molia dont c'est la 2e collaboration commune ?

JG : Celle d'une belle génération de réalisateurs de cinéma. Je voulais connaître encore plus son univers de cinéaste. Son scénario est d'une évidente fantaisie douce amère. Notre première aventure fut trop belle, alors j'ai voulu poursuivre à fond la deuxième. Aussi parce qu'il a un regard nouveau sur notre monde actuel. Xabi est unique ! (rires).

APP : Elsa est une paumée, en rupture de ban, le cœur en bandoulière et les rapports mère/fils en dents de scie. En quelques mots, comment peut-on la caractériser ?

JG : Une femme en équilibre au-dessus d'un immense vide. Celle qui a honte, celle en absence d'emploi, toujours tournée vers les petits boulots. Celle qui flotte entre désarroi et fluctuation, qui encaisse sans cesse les gnons de la vie. C'est aussi une adorable menteuse qui fabule gauchement. Elle est touchante humainement. C'est une Buster Keaton au féminin.

APP : Vous-même avez connu ce genre de situation ...

JG : Hélas, comme beaucoup d'artistes, quels qu'ils soient, des petits boulots qui empiètent sur notre art. Pour éviter les galères, c'est le système D. Grâce à eux, j'ai pu payer mes cours de comédie et manger à ma faim (rires). J'ai aussi eu la chance d'être bien entourée, et j'imagine l'enfer pour celui sans aide, sans soutien. Donc, il était essentiel pour moi de m'investir pour ce film. (ndlr:qu'elle a coproduit).

APP : Justement, peut-on dire que vous êtes une femme fragile, libérée ou humaniste ?

JG : Ajoutez un quatrième : féministe, mon Capitaine (rires).

XM prend la parole : Moi qui connais bien Julie, je dirais que cela dépend des moments...

APP : Si le cinéma ne vous avait pas ouvert les bras, seriez-vous devenue chanteuse, artiste de cirque ou conservateur de Musée ? (ndlr:elle a étudié l'Histoire de l'Art, suivi l'école du cirque et a pratiqué le chant).

JG : Aucun des trois.

XM : Ah bon ? Mais tu chantes dans mon film...

JG : Soit, mais j'aurais aimé être toubib pour "Médecins sans frontière".

APP : On dit que vous occupez une place honorable dans le cinéma français. Que répondez-vous à cela ?

JG : Ouuaahh ! Il est vrai que je peux me permettre une certaine liberté quant au choix des scénarios et que je peux passer d'une grande à une petite production, dès lors qu'un sujet me plaît. Mais j'ai aussi des doutes, je me remets toujours en question. Je ne suis jamais certaine, je cherche et je chercherai toujours (rires).

APP : On dit également que vous êtes une actrice effacée, très secrète sur votre vie privée. Paradoxal lorsqu'on fait un métier public ?

JG : C'est vrai que j'ai beaucoup de mal à parler de moi. Là, par exemple, ça me gêne beaucoup. (ndlr:ça n'y paraît pas. Vous semblez si détendue ou alors vous êtes une excellente comédienne !). Non, sincèrement, j'aime mieux parler des autres, de mes rencontres sur les tournages. Le plus beau compliment qu'on puisse me faire, c'est de dire que je suis différente d'un film à l'autre.

APP : Spontanément, quelle femme êtes-vous, en trois adjectifs ?

JG : (regard vers Xabi). Il persiste et signe ! (rires).C'est difficile comme ça, tout de go.

XM intervient : Ingénue, déterminée et libre.

JG lui sourit et reprend : A une certaine époque je disais maladroite, dyslexique et gauchère (éclat de rire).

APP : Y a-t-il eu un rôle que vous avez regretté après l'avoir refusé ?

JG : Grand Dieu, je n'aime pas le verbe "regretter". Par contre, je refuse les films qui ne font pas la part belle aux femmes, c'est mon côté féministe. Comme ces scénarios dans lesquels les femmes belles sont connes ou les femmes intelligentes sont moches. Sûrement écrits par des abrutis ou des tarés ! Mes réalisateurs : Jacques Audiard et Michel Hazanavicius.

APP : Après "Les Rois Maudits", l'aventure télévisuelle vous retente-t-elle ?

JG : Oh oui. D'ailleurs j'ai récidivé avec le téléfilm de Philippe Le Gay "Boris Vian", "Clandestins" d'Olivier Langlois, "Famille décomposée" de Claude d'Anna. J'ai toujours en mémoire la belle expérience des "rois maudits" de Josée Dayan.

APP : Ma dernière question, qu'évoque pour vous le Pays Basque ?

XM : Ah mon beau Pays Basque de mes premières années d'enfance et d'ado. Je vais y revenir pour tourner mon deuxième film qui est en fin d'écriture. Il se situera en partie dans les montagnes d'Irubelakaskoa, en Navarre, celles qu'on appelle "les trois pics noirs" ou "les pics aux corbeaux". Ce sont de merveilleux endroits et des randonnées que j'ai connu. Hélas, des paysages qu'on voit très peu dans le cinéma français. J'aimerais également filmer le port industriel de Bayonne.

JG : C'est beau. La première fois que j'ai découvert Biarritz, c'est grâce à Patrice Leconte pour lequel j'ai tourné une pub, juchée sur un vélo, longeant le littoral. Pour l'occasion, je résidais à l'Hôtel du Palais et en ouvrant ma fenêtre, j'ai vu l'immense océan. J'étais bouleversée de voir une mer si belle. Mes origines bretonnes ont fait surface ! (sourire).

 

Article paru dans 'la semaine du Pays Basque" du 2 au 9 avril 2010.

 

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 02:23

GREGOIRE - Toi + Moi ... et le monde entier !

 

Beaux textes, musiques efficaces, artiste pur souche "Producteurs Internautes", Grégoire* est authentique et sans écorce. Son style est dans la lignée chanson populaire, qui tend vers la variété. Il se recommande "pop-folk" mais dénie le label "défini". Sa voix écorchée vive et déraillée, qu'il s'est façonnée, comme ça !, l'a rendu, l'espace d'un single, l'ami intime. A l'occasion de sa tournée à Biarritz le 23 mars 2010, je me devais de l'interviewer.

 

APP : Merci d'avoir accepté cette interview. On commence donc par tes premiers pas dans la chanson ?

G : Tout le plaisir est pour moi. Adolescent, j'ai commencé à écrire des chansons entre études et petits boulots. J'ai pris mon temps pour peaufiner mon univers, jusqu'au jour où j'ai décidé de me lancer et j'ai eu la chance de croiser les dirigeants de Mymajorcompagnie.

APP : Justement, raconte-nous cette rencontre ...

G : Après de nombreuses tentatives auprès des maisons de disques, j'ai rencontré Anthony Marciano et Sevan Barsikian qui m'ont soumis l'idée d'élire le public internaute et j'avoue que cela m'a fortement conquis.

APP : Ainsi est né "toi + moi", une chanson que tout le monde fredonne, où chacun peut se retrouver. Qu'elle a été son origine ?

G : Ça m'est venu tout bêtement, comme ça, sur une trottinette (rires). Je fredonnais des airs et, soudain, j'ai retenu une ritournelle. Quant au texte, il exprime l'idée de solidarité et d'oubli des apparences.

APP : Certains disent pour cette chanson... un peu naïve, être en overdose et pensent qu'il serait temps pour un artiste de ta trempe, de songer à un 2e opus. L'envisages-tu ? Dans l'affirmative, quels en seraient les bagages musicaux et la nourriture des textes ?

G : Certains seront comblés puisqu'à partir du 15 avril, j'entre en studio pour un 2e album qui sortira, si tout se déroule comme je le souhaite, à la fin de l'année. Il sera semblable au premier, avec une exploration de nouveaux propos, des choses de la vie actuelle.

 

"mes modèles... des Beatles à Goldman"

 

APP : Ton sentiment d'être sur scène devant de nombreux fans ?

G : Ouaahhh ! Un plaisir intense, une sorte d'ivresse. Le contact avec le public, c'est toujours un enrichissement.

APP : Pour tes chansons, comment procèdes-tu ? Pas facile de faire un choix dans ce vaste océan qu'est la chanson populaire et intimiste ?

G : Je ne choisis pas mes chansons, elles s'imposent à moi, tout naturellement, me laissant toujours guider par l'instinct.

APP : Quel est ton univers lorsque tu écris et composes ? Quels sont tes influences musicales, tes modèles d'interprètes ?

G : Le calme, l'épanouissement, la force. La pop anglo-saxonne et la chanson française. Quant à mes modèles, des Beatles à Jean-Jacques Goldman.

APP : Qu'entends-tu lorsque tu dis : "j'ai façonné ma voix" ?

G : Parce que je n'ai jamais pris aucun cours de chant. J'ai passé mon temps à m'enregistrer pour entendre une voix qui me plaisait. Vouloir un timbre que j'aimais et qui me conviendrait.

 

"des mots que j'ai envie d'exprimer"

 

APP : Parlons de tes "producteurs internautes"... tu as dit que tu pouvais les rembourser. Bénéficieront-ils d'un petit plus, vu que cela marche très bien pour toi ?

G : Pour info, ils ont gagné au moins dix fois leurs mises sur mon premier album. C'est pas chouette ça ? (ndlr:l'expression fière et un petit sourire).

APP : Et quelles sont tes relations avec eux ?

G : Très bonnes. J'essaie de les rencontrer dès que je peux. Beaucoup ont participé à mon premier clip "Toi + Moi".

APP : Tu dis "ne jamais trahir la vérité... il y a des mots que tu as toujours envie d'exprimer... d'apprécier les êtres qui s'émerveillent, mais pas ceux qui se disent blasés..."

G : Oh, oh... Je parlais des "maux". J'aime le regard des enfants qui voient le monde sous un plus bel aspect, sans prétendre qu'ils savent déjà tout...

APP : On dit que tu es vrai, sans artifices, sans faux-semblant... Que réponds-tu à cela ?

G : Je remercie ceux qui pensent cela. J'essaie de rester moi-même et le plus naturel possible.

APP : Si tu devais faire ton autocritique, que nous dirais-tu ?

G : Je suis souvent paresseux ! Hum, hum !

APP : Comment t'analyses-tu à ce jour ?

G : Difficile d'y répondre, mais une chance qu'on ait cru en moi et ce qui m'arrive aujourd'hui est une réelle félicité. J'espère que cela durera et toujours communiquer l'amour de la chanson aux autres.

APP : Biarritz est la dernière étape de ta tournée (ndlr:110 au total). Que t'inspire cette jolie ville balnéaire et le Pays Basque ?

G : C'est une ville accueillante et très agréable. Les montagnes, la mer, le soleil... C'est avec beaucoup de plaisir que j'y reviens et aussi parce que j'apprécie l'organisation de Régis* et Nathalie Prod Events, avant, pendant et après chaque concert.

APP : Avant de nous séparer (ndlr:et c'est bien dommage !), quel message souhaiterais-tu adresser à tes fans et nos lecteurs ?

G : Que vos routes soient belles et n'hésitez pas à m'écouter ! ... Mes mots ...


gregoire-1.jpg

(DR)

 

Et nous, de souhaiter bonne route à l'Artiste !

 

* Avec l'accord de Jean-Claude Camus Productions.

* Un vif merci à Régis Bleze-Pascau.

 

Grégoire en concert à la Gare du Midi mardi 23 mars 2010 à 20h30 - Tarif : 35€.

Location : 05 59 22 44 66

Renseignements : 05 47 64 52 09

 

Article paru dans 'la semaine du Pays Basque' du 19 au 25 mars 2010.

 

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 23:26

Emmanuel Moire... romantic pop'singer !

emmanuel-moire


Ce fut un agréable tête à tête avec le magnétique Emmanuel Moire , à "Etchola Bambou" à Anglet, d'un après-midi pluvieux, mais vite chassé par ce divin "Phébus", au sourire fondant et regard félin, l'esprit primesautier, prenant le temps de deviser sur son 2ème opus "L'Equilibre". Sans diverger de la variété, il laisse entrevoir d'honorables possibilités, augurant un bel étonnement !

 

APP : Bonjour Emmanuel. Avec l'album "L'Equilibre" découvre-t-on un artiste différent ?

EM : Oui, parce que nouvelle envolée, nouveau style constellé d'une pop électro. C'est plus fun, inattendu, mais toujours dans la quête permanente d'authenticité et d'émotions. Je reste fidèle à moi-même, à ma symétrie musicale et artistique.

APP : L'étiquette "chanteur de comédie musicale" rend-elle l'innovation (autre que dans ce registre) difficile ?

EM : C'est vrai qu'on ne nous considère pas autrement que ce qui vous a fait connaître. A présent on me tient pour un "chanteur à part entière" parce que je m'adresse à tout le monde, et n'élis pas un public. C'est lui le décideur, qui juge de venir ou pas. Et je m'interdis de racoler ! (rires)

APP : Qui a participé à cet album ?

EM : Yann Guillon (parolier), qui est proche du chanteur que je suis. Deux textes en collégiale et musique 100% de ton interviewé. Nous avons fait ce travail de concert avec beaucoup d'enjouements.

APP : Quels sont les artistes qui t'ont influencé ?

EM : La merveilleuse Zazie et les groupes pop anglais comme Radiohead, New Kaene, Coldplay, Hed et Gabriel Fauré pour son requiem.

APP : Appréhendes-tu les lendemains ?

EM : Oh oui ! Être un chanteur parmi d'autres chanteurs est un challenge réitéré, toujours le démontrer, toujours être en compétition, manifester sa musique et son art, donnant à chaque fois le petit plus.

APP : On te dit chanteur généreux et sensible... pas le moindre petit défaut ?

EM : Ben voyons ! Défaut s'il y a, perfectionniste plaçant la barre à l'étage supérieur. Des coups de gueule, parce qu'il ne faut pas envahir mes moments de solitude, mes silences, j'aime rester peinard dans ma bulle. D'ajouter, si tu le permets, d'être le plus proche possible de ce que je suis dans la vie, c'est-à-dire... naturel ! Ah, je l'ai dit et je me sens mieux ! (rires)

APP : Une tournée est-elle prévue ?

EM : Oui, pour que quarantaine de dates.

APP : Pour conclure, quel message voudrais-tu faire passer à tes fans du Pays Basque ?

EM : Donnez-vous la curiosité de me découvrir sur scène ou d'écouter mon CD, soit dans votre salle de bains, dans votre salon, évitez les WC. (rires), en espérant vous donner beaucoup d'amour à travers mes chansons.

 

Et nous, de lui demander d'être toujours l'artiste lumineux humainement et artistiquement, celui qui a tout pour plaire, gardant à jamais sa noblesse du coeur, et de nous faire savourer très longtemps son nouveau Moi en "Équilibre" ! Et osons nous attacher à sa belle tessiture vocale !.



Le vendredi 5 mars 2010 à 20h30 à la Gare du Midi - Biarritz.

Tarif unique : 37€ - Réservations au : 0559224466 ou 0547645209 - www.biarritz.fr - spectacle organisé par Prod Events en accord avec Jean-Claude Camus Productions.

Article paru dans 'la semaine du Pays Basque' du

 

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 22:21

Bernard Giraudeau "Cher Amour" - La passion de la vie !

 

Mardi 30 juin, l'écrivain Bernard Giraudeau, rencontrait ses lecteurs à la librairie Elkar à Bayonne, pour la sortie de son 4ème roman : "CHER AMOUR" (paru aux éditions Métailié mai 2009). Belle opportunité pour moi, Alain-Pierre Pereira, d'interviewer cet ex p'tit gars de la marine, ce fils de La Rochelle. L'homme nouveau qui dit écrire une nouvelle page, plus belle que son existence !

BG livre

 

APP : Le public a sans doute perdu un excellent acteur, mais en revanche, il a gagné un écrivain talentueux. Ton quatrième roman "Cher Amour" vient de paraître. Tes succès littéraires t'ont-ils transfiguré ?

BG : Non, ce ne sont pas eux qui me transfigurent, mais certains évènements importants qui se sont immiscés dans ma vie (ndlr : actuellement il suit une chimiothérapie) et pour cela j'emprunte un chemin particulier, pas toujours facile, certes, mais très riche. L'écriture m'aide beaucoup et c'est aussi une autre façon de voir, d'écouter. Pour en revenir au succès, je me demande s'il n'y a pas une part de chance. Qu'on dise que j'ai une belle plume, j'en suis ravi. Sur le plan médiatique, ça se passe plutôt bien pour moi.

APP : Plus de présence sur les tournages, tu vas donc paresser, tel un serpent ?

BG : Oui et non. Je n'ai pas de privation côté cinéma et théâtre car je refuse d'avoir des manques. J'ai toujours du plaisir à lire des textes, à écrire, c'est ce que je vais faire bientôt à Grignan (Drôme).

APP : Cette nouvelle vie plus sage, plus méditée, ne serait-ce pas une sorte de huis clos, comme au théâtre ? La nostalgie de t'être dépouillé de l'homme d'avant ?

BG : Du tout, je suis plutôt libéré de lui, même s'il a encore une grande empreinte sur l'homme d'aujourd'hui. Mais je n'ai pas envie qu'il disparaisse ! (rires). Il laisse la place à ce que je dois être, plus profondément.


BG 1

(Daniel Mordzinski)


APP : As-tu toujours une bordée de désirs ? Vis-tu actuellement une histoire d'amour ?

BG : Avec "Cher Amour" c'est justement pour rendre hommage à l'amour que j'ai retrouvé et qui me permet de palier à toutes les difficultés qu'on peut croiser sur sa route, qui m'offre un soutien meilleur, un échange, un partage. La maladie sans l'amour, c'est la mort !.

APP : Tu dis que ta maladie a été rédemptrice, que l'écriture est une formidable thérapie qui t'a aidé à être un peu moins sourd et aveugle... Qu'entends-tu par là ?

BG : Là, ça demande un développement qui ferait l'objet d'un livre. "Cher Amour" est tout à fait la réponse à votre question. C'est un autre point de vue, une autre disponibilité et compréhension. Une distance qui s'effectue sans pour autant perdre l'émotion. Tout ça est peut-être complexe, mais en tout cas, c'est formidable.

APP : L'ancien baroudeur que tu es, où puises-tu cette force et cette volonté malgré ton lourd traitement. Serait-ce la foi ?

BG : La foi en la guérison, ça c'est sûr. La foi en elle-même, c'est un autre problème. J'ai la foi en la vie, en la paix, en la joie. L'énergie, je l'ai toujours puisée dans la connaissance des réalités, dans la variété des situations que j'ai pu vivre. J'ai été extrêmement poreux à certaines expériences, même si j'en étais pas tout à fait conscient à l'époque. Mais aujourd'hui, j'en retire le côté positif. J'ai une petite connaissance de la religion bouddhiste, hindouiste, de certains textes chrétiens. Tout en vous parlant je regarde les photos d'Amérique latine qui m'entourent dans ce salon et ça me parle. Et puis, il y a la méditation, l'hypnothérapie (ndlr un centre existe à Biarritz où exerce Frédérique Honoré, dans lequel Bernard y subit quelques séances).

APP : Mataf sur la Royale, tu as fait deux fois le tour du monde, et tu fréquentais avec insolence, les bordels des ports. Parle-nous de ton insatiabilité d'amant envers les belles de nuit à cette époque là ?

BG : Çà, c'est encore le thème de "Cher Amour" et de mes livres précédents. Un port, c'est féminin. La mer malheureusement enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent. Pour certains celui d'y trouver une libido, un désir, pour d'autres la femme idéale qui dort sous ses paupières. Un marin n'a pas de liaison, mais jure de ne jamais oublier la femme qu'il a connu dans un port ! (rires).

APP : Montagne, mer, soleil : qu'évoque pour toi le Pays Basque ?

BG : Hélas, je connais peu cette jolie contrée. Tout au plus les Pyrénées Atlantiques pour y avoir fait des randonnées, du canyoning avec des amis. Biarritz pour venir voir mon amie médecin, pour y avoir joué, assister à des Festivals. Mais j'ai toutefois une tendresse pour cette région de France. Par ouï-dire, vos villages sont d'une incroyable beauté. L'océan est délicieux et j'adore m'y baigner, comme je l'ai fait ce matin après une belle ballade.

 

Au moment de nous séparer, il ajoute ceci : "Je vis l'instant présent et tout va bien. J'ai la joie d'écrire la vie, ma poésie, mes voyages, mes souvenirs, l'amour et je bois du jus de gingembre à notre santé ! (rires). Honnêtement, j'ai une belle vie d'homme !". Et nous, on espère qu'elle soit la plus longue possible !.

 

Article paru dans 'la semaine du pays basque' du 3 au 9 juillet 2009.


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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 19:55

Bertrand Tavernier ... un cinéaste sous influences

 

Homme de cinéma depuis son adolescence et tour à tour assistant réalisateur, critique, attaché de presse, spécialiste du cinéma américain, président bénévole de l'Institut Lumière à Lyon, conteur inlassable, agitateur d'idées, amoureux du cinéma, des acteurs et des ... femmes ! C'est Bertrand Tavernier celui qui captive, hérisse mais qui ne laisse personne indifférent. C'est un véritable créateur en effervescence, homme timide parfois coléreux mais sans rancune, décent, emporté par ses passions et fidèle dans ses choix et ses amitiés. Homme très à l'écoute de l'autre, il a rencontré les plus grandes pointures du 7e art. Il séduit par son érudition et ses engagements. Sûr qu'on ne l'oublie pas. Chaque rencontre est une occasion pour lui d'apprendre, "apprendre" étant le mot qui revient le plus souvent dans sa bouche. Celui aussi qui brandit l'étendard pour défendre les plus faibles et qui vole au secours des opprimés. Alors en ce 26 mai, à l'occasion de son passage à Biarritz pour fêter le 6e anniversaire de la nouvelle salle de cinéma LE ROYAL, en présence de ses directeurs Jean et Corine Ospital, j'ai voulu être le complice de cet homme-là le temps d'une interview à la librairie Bookstore où il dédicaçait son livre "AMIS AMERICAINS". Un véritable coup de cœur...

 

BT 1

(JP de Bayonne) Tavernier est incontestablement le chef de file du cinéma français !

 

APP : Le Royal projette "le juge et l'assassin". Comment est né le scénario ?. Qu'est-ce qui vous a attiré dans cette histoire ?. Pourquoi le choix de Philippe Noiret ?

BT : J'aimais les films de Claude Autant-Lara comme le Diable au corps ainsi que ceux de Julien Duvivier. Et aussi parce que j'ai voulu travailler avec Jean Aurenche et Pierre Bost (dialoguistes qu'une violente attaque de la Nouvelle Vague avait laissé sur le bord de la route pendant 20 ans et, qu'en quelque sorte, je sortais du purgatoire) qui avaient commencé à écrire un scénario, qui m'intéressait, sur une sombre affaire d'un tueur en série dans la France du XIXe siècle. Aurenche avait cette facilité de faire naître l'insolite, la poésie. Tous deux étaient pour moi de formidables collaborateurs. J'ai été attiré par ce face à face d'un juge roublard et d'un assassin rusé. Mon choix pour Noiret c'est parce qu'il était crédible dans bon nombre de personnages et je peux vous le dire, c'était mon acteur fétiche (8 films ensemble). Entre lui et moi c'était l'osmose et j'avais énormément d'amour et de respect pour lui. Il me manque beaucoup ainsi qu'au cinéma.

APP : Lors de sa sortie, comment la justice française a-t-elle réagi ?

BT : Les magistrats ont très bien réagi. L'un deux, Pierre Truche, a pris mon film en exemple pour organiser des débats et des conférences afin de mieux faire comprendre le rôle d'un juge d'instruction face à de telles affaires.

APP : Pendant des mois vous insistez auprès de Georges Simenon pour qu'il vous cède les droits de son roman "l'horloger d'Everton" version cinéma "l'horloger de Saint-Paul" (programmé également au Royal). Pas facile de père de Maigret ! De sèches fins de non-recevoir ... Alors pourquoi ce revirement ?

BT : Il s'est tout simplement lassé de mon insistance parce que je voulais coûte que coûte faire ce film et surtout parce qu'il y avait Noiret. A mon avis, je l'avais épuisé ! (sourires). Sachez que lorsque j'ai une idée dans la tête...

APP : Par quel hasard êtes-vous devenu le parrain de la nouvelle salle Le Royal qui fête cette année ses six ans ?

BT : Par le travail exceptionnel des directeurs de cette salle Jean et Corine Ospital. Egalement pour sa programmation éclectique. J'avais envie de soutenir ces fous de cinéma, de leur amour pour celui-ci. Et j'ai répondu oui sans hésite lorsqu'ils me l'ont proposé.

APP : Votre amour pour le cinéma, les acteurs et les ... femmes, vous y croyez toujours ? Citez-moi une de vos actrices fétiches (sans créer de jalousie).

BT : Absolument... toujours, toujours et jusqu'à la fin de mes jours. L'actrice qui tournera dans mon prochain film. Confidence pour confidence : je les aime toutes ! (rires).

APP : Vous dites ne pas être un homme politique mais un cinéaste. Pourtant, vous avez pris position contre la loi sur l'immigration, vous avez même défilé lors de la manif des sans-papiers à Toulon et voyant l'affiche du Théâtre Municipal où l'on jouait "un de la Canebière" vous lancez à vos compagnons de marche une tirade de cette pièce "les tramways de tes débordements glissent sur les rails de mon indifférence !"

BT : Oui celle-ci s'adressait aux partisans du Front National en répondant à leur provoc vis-à-vis des manifestants à qui ils envoyaient des saluts et sablaient le champagne du balcon de l'Hôtel de Ville. Voyez là un simple citoyen lambda, un agitateur d'idées qui défend les causes et qui n'accepte pas l'injustice, la guerre, le racisme, la peine de mort, la misère physique, la drogue ...

APP : En 2001 vous disiez qu'après avoir réalisé "autour de minuit" que cela vous avait guéri de toute intention de faire carrière Outre-Atlantique. Mais alors votre extraordinaire film "dans la brume électrique" tourné en Louisiane avec des acteurs américains ?

BT : C'est simple, comme j'étudiais l'histoire du cinéma américain, plus j'allais en Amérique et plus j'étais heureux de travailler en France. Cela ne veut pas dire que je ne voulais pas faire de films aux Etats-Unis, mais pas y faire une carrière. La vraie motivation pour ce film "dans la brume électrique" c'était de travailler avec James Lee Burke, j'aimais le ton et l'atmosphère de ses livres, je voulais passer du temps avec ses étranges personnages et découvrir son univers et la Louisiane du Sud.

APP : Pourquoi votre choix sur l'acteur Tommy Lee Jones ?

BT : Il était, depuis le début, dans mes projets. Malgré une production française, il me fallait une production américaine par rapport aux syndicats, aux lois du travail... Je ne concevais pas tourner sans Tommy et j'ai trouvé le producteur qui avait produit "trois enterrements". Tommy Lee Jones est un acteur bourré de talent, charismatique à souhait, généreux. Il s'est révélé bien plus qu'un interprète. Il s'intéressait à ses partenaires, ne tirant à aucun moment la couverture à lui. J'appréciais ses conseils, ses idées sur telle ou telle scène, également sur quelques répliques. C'est un grand acteur avec lequel on a grand plaisir à travailler. En un mot, c'est un véritable pro. Je le respecte et le remercie d'avoir été de l'aventure. J'aimerais qu'il sache que le public français l'apprécie fortement.

APP : Pour un cinéaste qui se veut libre de ses choix, vous avez quand même accepté un compromis avec le producteur américain sur ce film qui a estimé que votre version ne serait pas compréhensible pour le public américain. Que nous répondez-vous ?

 

(JP de Bayonne)

 

BT : C'est exact, j'ai accepté qu'il y ait une version pour le public américain parce que, tout simplement, le producteur possédait les droits pour ce territoire. Je dois vous dire que le film a été financé avec des fonds français. De vous dire également qu'il y a plus de 300 cinéastes qui ont accepté des versions différentes voire totales comme "Brazil", "la horde sauvage" "la reine Margot"... Mais les négatifs français sont intacts et la version est restée selon mes vœux ! Dans cette corporation il y a toujours des compromis pour des films qui passent à la télévision parce que jamais le bon format, jamais le bon son. C'est sûr, on subit !

APP : Sujet sur la mort avec "un dimanche à la campagne", "la mort en direct" et "Daddy nostalgie"... Quel est votre sentiment face à celle-ci ?

BT : "la mort c'est un manque de savoir-vivre !" Cette phrase est de l'humoriste Pierre Dac, mais en fait le véritable auteur est Alphonse Allais.

APP : En parlant de vos proches et plus précisément votre famille : Colo, Nils, Tiffany et Dominique... ça n'a pas dû être facile pour eux d'exister face à votre forte personnalité ?

BT : Oh non, aucun problème pour eux. Avec Colo, mon ex-épouse j'ai fait cinq films. Mes enfants ont été mes co-auteurs. C'étaient des collaborateurs précieux comme les autres. Bien sûr il existe toujours des hauts et des bas, des tensions lorsqu'on partage la même passion, le même art ais jamais dans l'irrespect de leur travail. Nous étions d'égal à égal et soudés.

APP : A présent si vous le voulez bien quelques questions plus légères. On dit que vous possédez un bon coup de fourchette et même l'art de cuisiner. Peut-on connaître vos restaurants préférés sur la Côte Basque ainsi que vos endroits de flânerie ?

BT : "chez Albert" et "El Callejon" à Biarritz. Leurs poissons est un vrai régal pour les papilles. Et ceux sur le port des pêcheurs à Saint-Jean-de-Luz. Toujours à Biarritz, le Port Vieux, la Grande Plage, les Halles et chez Dodin. Lorsque j'ai le temps j'aime me promener également à Bayonne le long de l'Adour et de la Nive et faire un tour aux Halles.

APP : Pensez-vous dans un proche avenir tourner un film sur le Pays Basque ?

BT : Une région pour moi n'est plus un sujet de scénario mais un cadre. Pour le moment ça n'est pas à l'ordre du jour.

APP : Pensez-vous qu'il y ait actuellement une crise dans l'industrie du cinéma ?

BT : Pas vraiment, il n'y a qu'à voir le dernier festival de Cannes qui a été une cuvée florissante. Dans tous les cas, la crise ne se ressent pas pour le moment. On fera toujours des films de plus en plus de qualité. Et puis il y a une belle relève de metteurs en scène et d'acteurs.

APP : Rêve ou réalité concernant votre prochain tournage "la princesse de Montpensier" d'après l'œuvreMadame De Lafayette qui promet un beau casting comme Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet, Louis Garrel, Gaspard Ulliel et Mélanie Thierry ?

BT : Pour l'instant cela fait partie du domaine du rêve... J'y croirai lorsque je dirai ... Moteur. Ce qui est sûr, ce sera ce même formidable casting.

 

 

Farouche défenseur de la liberté d'expression à travers son cinéma, ouvert sur le monde, envers et contre tous !.

 

Article paru dans 'la semaine du pays basque' du 4 au 10 juin 2009.

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 01:51

 

NICO WAYNE TOUSSAINT... le blues au cœur !

 

NWT 1

 

Nico Wayne Toussaint découvre à 15 ans "Hard Again" de Muddy Waters avec James Cotton à l'harmonica. Cet artiste complet est, depuis une décennie, la référence dans le monde du blues et de l'harmonica. Fruit d'un travail acharné, il sort aujourd'hui son nouvel album : "blues entre les dents".

La quasi-interview de ce blues-man globe-trotteur, actuellement en tournée Outre-Atlantique.

 

APP : Quels sont les thèmes et le style musical que tu avais en tête pour cet album ?

NWT : Celui d'un album entièrement en français, aux couleurs blues et folk, pour faire plaisir à mon fidèle public. Cela m'a pris cinq ans, mais je suis heureux de l'avoir fait.

APP : Quels sont les titres que tu as envie de défendre ?

NWT : Tous sans exception.

APP : Comment vis-tu le rythme artistique au quotidien ?

NWT : C'est une grande endurance physique et morale, mais tellement animé d'exaltation et d'amour musical que ça rend la tâche plus facile.

APP : Comment prépares-tu tes concerts. As-tu des petits rituels avec tes musiciens ?

NWT : C'est le travail en commun, avec une volonté de construire ensemble le "moment d'exception". En ce qui me concerne, j'essaie de coller au plus près de l'émotion du public, de ce qu'il désire ce jour-là, tout en lui imposant ce que je suis venu lui dire.

APP : A ton public basque, quel message lui adresses-tu ?

NWT : De toujours croire que la vie a un sens et que l'homme est capable de mieux, en dépit d'une certaine réalité actuelle qui nous fait frémir. Rêver, même d'un impossible rêve !. Milesker.

 

Dans les bacs c/o Virgin, Fnac et autres.

 

Article paru dans 'la semaine du pays basque' du 16 au 22 octobre 2009.

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 01:21

INTERVIEW GERARD JUGNOT ... c'est le rose l'important !

 

Pour la rentrée cinéma 2009, l'acteur réalisateur, Gérard Jugnot offrira le 14 octobre, son dernier opus et son 11ème long métrage "rose et noir". Il s'agit d'une comédie historique, du genre cape et épée, dans une Espagne catholique intégriste, qui parle de notre époque, à une distance très éloignée. Le réalisateur précise que ce n'est pas un film en costumes, mais un film... costumé ! La semaine du pays basque a rencontré dans la Cité des Corsaires, cet homme sincère, authentique, anti-frimeur, au regard tendre et rieur, l'un des piliers du cinéma français, que les cinéphiles apprécient.

 

Alain-Pierre Pereira pour 'la semaine du pays basque' : Vous êtes un artiste "multicartes" (ndlr : c'est lui qui le dit) acteur, réalisateur, scénariste, producteur. Dites-nous qu'elles ont été vos motivations pour "rose et noir", une comédie, où derrière le sourire, se cache une raison sérieuse.

Gérard Jugnot : En fait, l'idée germait dans mon esprit depuis fort longtemps et déçu de n'avoir pu réaliser "astérix en Hispanie". L'Espagne est un pays que j'adore et je voulais y tourner un film à grand spectacle, avec des costumes d'époque, de beaux décors, des carrosses. Ah ! ce désir de vouloir réaliser un ... "carrosse movie" ! (rires).

 

Une alchimie qui transforme le malheur en joie !

 

APP : "rose et noir" transmet de profonds messages humains : tolérance, acceptation des différences, valeurs universelles, de plus, la nécessité de vouloir et d'oser pour concrétiser les rêves et les ambitions, parfois invraisemblables...

GJ : Tout à fait ! "rose et noir" évoque la domination pernicieuse et tous les excès qui concernent, l'intégrisme et le sectarisme. Je parle également du racisme, de la religion, du droit à la différence, à l'époque de l'Inquisition en Espagne. Quand je pense que de nos jours on continue à s'entretuer au nom de Dieu ou de Allah, cela me navre énormément ! Les masses, les partialités, les doctrines sont les vrais moteurs de la haine !

APP : Pourquoi ce titre "rose et noir" ?

GJ : Parce que des couleurs opposées. La couleur rose qu'adopte ce couturier extraverti, extravagant et ... homosexuel, est un clin d'œil à la douceur dans le cœur même de l'Inquisition espagnole. N'oublions pas que le rose est le symbole de la mode, de la vie heureuse, contrairement au noir qui représente la curiosité malsaine, la laideur des bassesses. Et de ce tribunal ecclésiastique qui passe son temps à dénier le désir et le plaisir... "rose et noir" c'est l'alchimie qui transforme le malheur en joie. En fait, ce film représente une belle âme de comédie, où le drame s'arrête à temps.

APP : Le projet a-t-il été accepté très vite ?

GJ : (le sourire malicieux) Oh que non mon brave ami ! Le scénario n'a pas immédiatement convaincu les partenaires. Une histoire qui raconte les péripéties d'un couturier homosexuel dans l'Espagne rigoriste, et qui parle d'intolérance, les mettaient un peu mal à l'aise. D'ailleurs, l'un d'eux nous a lâchés dès le début. Après moult tractations, j'ai fini par les convaincre. Luc Besson a repris la distribution du film et Manuel Munz y a cru pour notre 3ème collaboration.

APP : Vous dites avoir trouvé cette phrase de Gisèle Halimi (compagne du réalisateur) "une foi n'est tolérable que si elle est tolérante". N'est-ce pas utopique de penser que tout le monde "il est beau, il est gentil ?". Quel regard portez-vous sur l'être humain ?

GJ : Certes, le message n'est pas des plus nouveau, mais face à l'intolérance, il n'y a pas d'autre issue que d'être soudés, parce qu'on est tous exposés. On est toujours le juif ou l'arabe ou le pédé de quelqu'un... La tolérance, le droit à la différence ne se divisent pas ! Pas question d'être débonnaire pour les uns et pas pour les autres. Ça serait la pire injustice. Je me fous qu'untel croit en Dieu, à Mahomet, ou à la plus belle fille du monde (rires), du moment qu'il fout la paix à l'autre. L'être humain n'est pas foncièrement mauvais.

GJ 1
 

Alors mes mignons prêts à voir la vie en rose ? (dr)

 

J'aime le cinéma de MELVILLE, JOFFE, DE BROCCA...

 

APP : Qui est Saint Loup ?

GJ : Sans embellir, je dirais qu'il se voue aux autres, celui qui se "dégrime" après la représentation, au sens propre comme au sens figuré, un clown face aux mesures drastiques et au fanatisme. Celui qui devient un homme bien, hors du commun pour son époque, et qui sera un gentilhomme... ordinaire pour partager l'expérience commune. Paradoxalement, il est toujours solitaire, une sorte de chevalier Bayard qui va seul à la guerre contre les préjugés (ndlr : son plaidoyer devant le tribunal inquisitorial est d'une influence à vous estomaquer !). Un "Pagliacci" du XVIème siècle pour le rose, c'est l'important !.

APP : Parlez-nous du casting

GJ : Une extrême envie d'avoir à mes côtés, l'acteur Bernard Le Coq, il est épatant et je l'adore. Son personnage (le secrétaire de Saint Loup) est ambigu ; gentil en surface mais traître et vengeur à l'intérieur. Patrick Haudecoeur, c'est le Robert Dhéry actuel. Stéphane Dubac, j'avais tourné avec lui dans "Faubourg 36" et je l'avais apprécié. Assaad Bouab, c'est l'Arabe qu'on pouvait transformer en ... normand blond (rires) ! Raphaël Boshart est un môme formidable. Juan Diego est le parfait Piccoli Ibère. Saïda Jawa (célèbre avocate, fondatrice et coprésidente de l'association Choisir/la cause des femmes, auteur de nombreux ouvrages) est une actrice lumineuse, qui dégage une énergie fantastique et elle est belle ! (le regard rêveur) et mon fils Arthur (avec une certaine fierté) c'est la relève Jugnot (rires). Je vais bientôt lui écrire un vrai rôle.


 GJ 2

silence, moteur, action... (dr)


APP : Quels souvenirs gardez-vous du tournage de "rose et noir" ?

GJ : Mazette ! beaucoup, beaucoup... Il faut savoir que nous avons énormément voyagé en France et en Espagne. Les costumes, décors, tout était féérique et une équipe technique formidable. Et puis il y a la fameuse séquence des taureaux qui voulaient m'encorner ! (rires). Oui, j'ai vécu la vie ... en ROSE ! (rires).

APP : Connaissez-vous le Pays Basque ?

GJ : Plus mes parents que moi. Ils venaient depuis une dizaine d'années à St Jean-de-Luz passer leurs vacances. Ironie du sort, mon père est décédé dans cette ville, il y a maintenant 6 ans. Je connais Guéthary et Biarritz, pour y avoir des amis. C'est un bonheur pour moi de revoir la mer, d'apprécier le soleil et les rochers, et prendre le temps de vivre au Pays Basque !

 

(ndlr : un vif merci à Xabi Garat, directeur du cinéma le Rex à St Jean-de-Luz pour sa précieuse collaboration).

 

* Scénario proposé au producteur Claude Berri qui n'a pas donné suite.

 

Article paru dans 'la semaine du pays basque' du 11 au 17 septembre 2009.


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L'ECRITURE... MA PASSION

alain-pierre pereira

 

Ma profession de journaliste culturel me permet de faire de belles rencontres artistiques dans diverses disciplines, et mes seules motivations sont spontanéité, probité, et sincérité. Mon but n'est pas de me montrer souple ou indulgent, et encore moins celui d'être virulent ou acrimonieux (sauf dans certains cas). Mes jugements seront rarement dans la négativité. Si je ne suis pas dans l'attrait ou la fascination, je préfère ne pas en parler ; pour la simple raison : le respect du travail apporté. Lucide que "toute création" signifie de mettre son énergie (car tout créateur au prime abord donne ce qu'il a de meilleur). En un mot, la seule raison de ce blog, est de vous faire partager mes coups de cœur, mes enthousiasmes, voire mon admiration et ma tendresse pour les artistes.

Alain-Pierre Pereira.

Sans titre 5

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