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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 23:07

Roland Petit : impétueux chorégraphe !

 

Disparu à 87 ans dimanche 10, Roland Petit était venu à Biarritz en 1996 pour le festival « Le Temps d’Aimer la Danse ». Son Arlésienne sera programmée les 28 et 29 octobre 2011 à la Gare du Midi à Biarritz.

 

« Quand Roland Petit créait un ballet, tous pardonnaient son exigence, son perfectionnisme, sa grande rigueur, parce que fascinés par cette figure emblématique de la danse, ce génie doté d’un charisme, d’un tempérament exceptionnel et d’une indiscutable franchise. Le magnétisme et la séduction étaient ses principes primordiaux dans sa relation avec ses danseurs. Entre eux s’alliaient élégance, style, synchronisme et mystère. Une permutation totale, Roland Petit demeurera dans notre mémoire ce chorégraphe prolifique et obligeant. Un être lumineux, grand concepteur de plus d’un demi-siècle de chorégraphie, un arachnéen dans l’âme et toujours là au moment où l’on ne s’y attend pas. Un amoureux fou de la danse classique, mais aussi des plumes, strass et paillètes parce que l’époux de la divine Zizi Jeanmaire son égérie. Façonneur de vitalité et d’étreinte, il chérissait la fraternité et la confiance, marquant de son empreinte déliée et originale la danse d’après-guerre. Enfant chouchou de l’Opéra (où il fit de brillantes études), il devient sous l’occupation ce prince de la danse pour « Les Soirées de la danse » aux côtés de la regrettée et grande étoile Janine Charrat. Adulé ou réprouvé, il restait toujours le battant, l’impétueux ! Année 1945, entouré d’auteurs lyriques et chorégraphiques confirmés, il crée « Les Forains » sur une musique de Saugret et « Le Jeune Homme et la Mort » de Cocteau (1946). Ses œuvres (plus d’une centaine) sous l’influence de sa fièvre passionnelle, s’enrichissent d’un ton nouveau, d’une poésie qui s’attache aux regards circonstanciels, aux valeurs spirituelles et intuitives. Son art néoclassique, il doit à son maître Serge Lifar. Comme il le soulignait : « l’inspiration, c’est une accumulation de feeling, d’affection, de curiosité, de vie au quotidien. C’est comme un mille-feuille, où tout se superpose, partition de musique, réflexion, danseurs et personnalités. ». Pour lui un chorégraphe est celui qui se nourrit des apports de la danse moderne, qui retient les mouvements et non leurs motivations, préférant les plus frappants. Oui, il était ce véritable modéliste des pas, des mouvements de l’instant, un enthousiaste qui suggère les effluves d’un réel altruisme pour son Art. Mais aussi tous les miracles d’une alchimie qu’il puise dans les abysses de son imaginaire, soumis aux ardeurs de ses élans. Il confiait qu’un « chorégraphe, sans être un magicien, doit toujours avoir un lapin qui sort de son chapeau. Que les ballets d’hier devaient toujours être magiques et étonner aujourd’hui. ». Le sien était le Lac des Cygnes. Il veillait jalousement sur ses danseurs, et lorsqu’ils n’étaient pas performants, il les laissait tomber, mais en douceur, comme une chatte envers ses chatons. Parlant de ses créations, il disait : « Je n’aime pas l’adjectif instinctif car trop triste. Je préfère imagination, goût de l’aventure et … solide santé parce que l’on rencontre beaucoup de chemins escarpés avant d’atteindre la clairière accueillante. Posséder aussi le sens théâtral, la séduction, l’hypnose et la réelle connivence avec le public. ». En 1972, le Ballet de Marseille est né par son vœu émis auprès de Gaston Deferre alors maire de Marseille, et ce n’est qu’au début de l’année 1981 que le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing lui accorde le label « national ». Cette Compagnie restera pour la France un véritable patrimoine culturel et artistique et, au fil des tournées dans le monde, l’ambassadrice de la culture française. Grâce à Roland Petit, Marseille sera l’une des capitales de la danse.

Dimanche 10 juillet, le monde de la danse est en deuil. J’ai connu Roland Petit en 1997 parce qu’il était le parrain du mensuel de la danse « Ballet & Co » dont j’étais le concepteur et directeur de la rédaction. Ma pensée émue et affective va vers Zizi Jeanmaire et sa fille Valentine. Pour sûr qu’en guise d’adieu, chaussons de satin blanc et demi-pointes pirouetteront sur le cœur de ce maître à danser, celui qui a su… allumer les étoiles ! ».

 

Alain-Pierre Pereira.

 

Article hommage paru dans ‘la Semaine du Pays Basque’ du 15 au 21 juillet 2011.

 

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Images extraites du magazine Ballet & Co consultable sur la page d'accueil...


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L'ECRITURE... MA PASSION

alain-pierre pereira

 

Ma profession de journaliste culturel me permet de faire de belles rencontres artistiques dans diverses disciplines, et mes seules motivations sont spontanéité, probité, et sincérité. Mon but n'est pas de me montrer souple ou indulgent, et encore moins celui d'être virulent ou acrimonieux (sauf dans certains cas). Mes jugements seront rarement dans la négativité. Si je ne suis pas dans l'attrait ou la fascination, je préfère ne pas en parler ; pour la simple raison : le respect du travail apporté. Lucide que "toute création" signifie de mettre son énergie (car tout créateur au prime abord donne ce qu'il a de meilleur). En un mot, la seule raison de ce blog, est de vous faire partager mes coups de cœur, mes enthousiasmes, voire mon admiration et ma tendresse pour les artistes.

Alain-Pierre Pereira.

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